Citons un chantre des nouveaux médias, Mark Zuckerberg, 27 ans cette année : « Les jeunes n’utilisent plus l’e-mail, ils préfèrent les SMS. Les gens veulent des choses plus immédiates comme le SMS ou le tchat pour échanger entre eux. »
Si l’on jette un coup d’œil aux statistiques issues de comScore, cela semble corroborer ces dires :
Rien de bien nouveau sous le soleil… Quiconque a un ado près de lui sait que lui demander son e-mail revient à lui parler d’un outil du siècle dernier (c’est techniquement le cas). Rien ne remplace le bref message instantané électronique comme fondation de l’échange interpersonnel.
En fait, l’e-mail est, comme la structure sémantique du mot l’indique, une version électronique du courrier papier classique, avec sa boite aux lettres, son enveloppe, sa « copie carbone » (cc)… Seule innovation : la copie cachée (cci), le tout croisé avec la logique de classement arborescent des ordinateurs des années 80.
Depuis quelques années, on entend dire que la Génération Y importe ses outils et usages au sein de l’entreprise. Quel est l’impact réel sur l’e-mail ?
Une boîte pleine à craquer. Période numérique, début des années 2000.
L’e-mail est un excellent outil de communication interpersonnelle mais de nouveaux outils font leur apparition. Et dans les faits, si tout le monde a encore le droit d’écrire 5 pages de courriel, plus personne n’en a l’envie. Les messages ont tendance à se réduire en longueur, à devenir plus informels : ils s’adaptent aux rythmes du business, à l’importance du message et aux circonstances dans lesquels ils sont émis. D’où l’apparition de tweets, chats et autres mécanismes de communication.
Le principal problème de l’e-mail est qu’il est utilisé pour tout même s’il n’est pas le moyen le mieux adapté. Envoyé à une ou plusieurs personnes (plus souvent en copie qu’en destinataire), l’usage est parfois « d’arroser » le plus de monde possible afin d’être sûr que personne n’ait raté l’information. Quitte à ce que cela ressemble au final à du spam, et finisse dans le dossier de classement vertical (communément appelé « poubelle »).
Il pourrait être parfois aussi efficace de se lever de son fauteuil et hurler l’information dans l’openspace, mais cela pourrait déranger la quiétude des lieux. Plus sérieusement, l’e-mail n’est pas adapté à de nombreux cas de communication, par exemple une large diffusion avec une volonté d’interaction. Il faut aussi en finir avec une légende urbaine : l’e-mail n’est pas fait pour la collaboration, ni pour la coordination. Avez-vous déjà essayé de mettre à jour une version d’un document sans vous perdre dans les échanges, et au final vous tromper de fichier ? Avez-vous déjà réussi à déterminer un jour commun de réunion entre plusieurs personnes sans que cela ne se finisse par une date imposée ?
C’est exactement ce sur quoi les réseaux sociaux professionnels peuvent apporter une vraie plus-value. En proposant des fonctionnalités de recherche, de coordination, de planification et de collaboration, le besoin en e-mail s’en trouve automatiquement réduit. Vous avez une annonce à faire ? Au lieu de l’envoyer à la Terre entière, postez-la sur la première page de la communauté, lieu de passage obligé de tous lorsqu’ils se connectent. Vous avez une réunion à organiser ? Publiez l’invitation, et suivez en temps réel qui répond venir ou pas. Enfin, si vous avez besoin de retravailler un document, faites en un wiki (sorte de page Word partagée) et suivez les révisions collectives du document.
Tout cela devrait nous permettre de conclure que « plus de médias sociaux = moins d’e-mails ». D’après Nielsen, il n’en est rien :
Ce graphe montre au contraire l’inverse : plus vous êtes utilisateur de réseaux sociaux, plus vous « consommez » de courriers électroniques. La raison en est très simple : en fait, la valeur de l’e-mail est en train de migrer vers le réseau social, et l’e-mail ne devient plus qu’une passerelle, un trait d’union temporel. Il ne sert plus qu’à notifier, tenir au courant des nouveautés postées sur le réseau, suivre les mises à jour (un DM sur Twitter lisible d’un clic depuis un e-mail, le résumé d’une conversation, une nouvelle photo postée). Il est désormais inducteur d’actions. La vraie valeur des informations n’est plus dans l’e-mail, qui devient totalement périssable et jetable, mais dans la plateforme sociale.
Ces e-mails de notification sont en fait une réassurance, une transition en douceur d’un monde à l’autre. Une fois le réflexe pris d’aller sur le réseau social spontanément, il n’est plus nécessaire d’avoir ses notifications. C’est une questions de transition et d’évolution inéluctable des usages.
Pour preuve : à ce jour les entreprises ont de plus en plus tendance à communiquer sur les réseaux sociaux pour leurs relations publiques. Facebook est devenu un nouveau canal de discussion corporate (ce qui peut poser d’autres soucis, comme la confidentialité ou la propriété des données).
Ne nous leurrons pas : la transition sera longue. Raison de plus pour s’y mettre immédiatement ! Le réseau social est un nouvel outil centré sur l’utilisateur et non sur les process. L’e-mail aura toujours sa place dans certains cas (comme la validation d’inscription, les démarchages commerciaux, les notifications en provenance des réseaux sociaux) mais sa valeur va se déplacer. Cette transhumance peut, selon les entreprises et les projets, prendre entre quelques mois ou années. Mais au final c’est à la fois plus d’efficacité, de rapidité, de justesse dans les prises de décision, des rapports humains renforcés et une collaboration interne et externe à l’entreprise généralisée.
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Billet initialement publié sur le blog de bluekiwi
Image CC Flickr Frank Gruber et
Biscarotte
La fin d’année est toujours un moment propice aux grands rassemblements d’hiver et variés parlant de web et médias numériques. L’intérêt de ce type de conférence est de sentir la « tendance » et les préoccupation du moment des « professionnels de la profession ».
Côté LeWeb, ça donne le thème des plateformes, sujet finalement assez générique mais qui donne une bonne vision du sens qu’est en train de se donner le web avec des zones d’attraction applicatives et agrégatives comme certains OS ou Facebook.
Mais un autre sujet a attiré mon attention : cachée juste le lendemain de LeWeb (les 8 et 9 décembre), la conférence Monitoring Social Media (vendredi 10 décembre à Paris) reprend une partie des intervenants de la conférence de Loïc Le Meur pour un sujet très différent : la surveillance des médias sociaux.
Ahhhhh… Voilà LA question qui revient tout le temps dès que l’on parle de réseaux et médias sociaux grand public (Facebook, Twitter, blogs…) et professionnels (Jive, blueKiwi, SocialText…) : c’est quoi le retour sur investissement de tout ça ?
Autant vous dire que les marketeurs de tous poils se les arrachent pour essayer de répondre à cette question posée par absolument TOUTES les marques et les annonceurs. Autant vous le dire, posée comme cela la question me fout des boutons car c’est bien souvent un a priori de défense vis-à-vis d’un modèle que ne comprennent pas les annonceurs car ils ont une sensation de perte de contrôle. Ils ont peur, au choix : que leur message soit déformé, que leur marque soit détournée, leur campagne ridiculisée, bref que les gens osent dire des gens.
Hey ! Mais c’est la vraie vie les gars, ce que se racontent les gens autour d’une table quand ils parlent de leur dernier achat ! Va falloir apprendre à lâcher prise et se dire que le Net peut apporter aussi de belles choses à une campagne de communication (la reconnaissance, l’inscription dans le temps, de la réputation…), et surtout vous dire que si vous faites une campagne sympa et originale au pire ça ne marchera pas, au mieux ça cartonnera. Mais elle ne sera pas forcément étrillée.
Mais revenons à la question : alors, c’est quoi le ROI des médias sociaux ? Traduction : « quel intérêt ai-je à aller sur ces trucs où les gens se parlent, parce qu’en plus il va me falloir les écouter et leur répondre, ça va me bouffer des ressources tout ça ! ». Ben oui. Bienvenue dans le web 2.0.
Ok, c’est vrai. La vérité est que tout est à faire, et qu’évaluer un retour financier immédiat sur une campagne est difficile. Faisable, mais difficile car non immédiat, diffus, s’étalant dans le temps…
Donc, regardons ce que les spécialistes de la question proposent en attendant. Si l’on prend Brian Solis, l’une des personnes les plus en pointe sur le sujet et qui ne soit pas un bullshiteur en chef :
Les médias sociaux inspirent une nouvelle forme d’intelligence. Avec l’abondance des outils d’écoute et de surveillance disponibles aujourd’hui sur le marché, les entreprises ont accès à des informations et une veille en temps réel. Pouvoir savoir qui dit, pense et partage des informations motive les entreprises à créer des infrastructures visant à découvrir et suivre les conversations qu’elles jugent dignes d’intérêt. Mais écouter n’est pas suffisant. (…) Le futur repose dans la capacité à initier les conversations, et non pas juste y répondre. C’est un « clic pour action » et la capacité d’inspirer l’action et de la mesurer doit être au centre de toute l’activité online. Les entreprises, en intégrant la performance et les systèmes de mesure pourront progresser vers une nouvelle posture de leadership. C’est pourquoi les entreprises commencent à rentrer en compétition pour le partage des idées et des sentiments et pour conserver une pertinence d’analyse dans le temps.
Ce passage résume bien l’enjeu pour les entreprises. Ici, point de promesses de revenus immédiats via les conversations, pas d’augmentation des ventes automatique. On va commencer par le commencement : chères entreprises, commencez par apprendre à écouter. Mais vraiment. En mettant des personnes dédiées et formées à cela, et pas pour six mois le temps d’un stage. Non, un vrai poste.
Commencez dans le même temps à mesurer. Mesurer quoi ? Ce qui se dit, les récurrences, comment l’information se diffuse dans le temps. Prenez votre temps, le PowerPoint pour votre COMEX attendra un peu.
Ceci sous-tend la surveillance généralisée des médias sociaux. Bingo, c’est exactement ce qui va se passer. Attendons-nous à être mouchés et surveillés de toutes parts, scrutés tel une fourmi sous un microscope. Les entreprises vont avoir besoin de savoir qui nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous aimons, pourquoi, avec qui, qu’est-ce qui a fait que… Elles le font déjà (via Google sur le Net, des enquêtes d’opinion dans la vraie vie…). Les médias sociaux ont pour eux d’être très qualitatifs dans leur approche, avec beaucoup de verbatims. C’est le quali vs le quanti. Tout l’enjeu est là : la mesure devrait permettre de réconcilier les frères ennemis du marketing, le quali vs le quanti.
D’où les demandes des entreprises. D’où la volonté de Facebook ou Apple d’ériger un modèle semi-ouvert (sous formes de plateformes, on y revient) où sont les maîtres des données. Le web étant, par nature et essence, très décentralisé, la récolte des informations et la mesure globale sont d’autant plus difficiles à gérer. Pas impossible, mais complexe. D’où la tendance à avoir des modèles plus puissants qui gardent une partie des données. Mais au final on en revient au même : surveillance généralisée.
S’il y a une bonne question à se poser, c’est celle-ci. Arrêtons de vouloir poser comme pré-requis de vouloir du ROI ou des tonnes de mesures, la seule question qui vaille est « pour quoi mesurer ? = quels sont vos objectifs ? ». En fonction de ce que vous voulez atteindre, inutile de prendre quatre pages de tableau Excel, quelques métriques judicieusement choisies peuvent suffire. À ce moment là, oui il faudra surveiller et mesurer, mais à bon escient.
Alors, bien sûr, reste la question « et si je n’ai pas envie d’être mesuré ». Soyons conscients et honnêtes : si tous ces services sociaux existent, c’est que la mesure et la vente des données permet d’assurer leur vie.
À moins que Diaspora…
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Billet initialement publié sur Stan et Dam
Image CC Flickr BWJones
]]>Facebook a annoncé hier soir sa nouvelle messagerie « sociale » qui a pour but d’agréger l’intégralité des échanges entre deux personnes, qu’ils soient issus d’un chat, de SMS ou de courriels.
À ce titre, même si Facebook se défend de vouloir tuer l’e-mail (dont les poids lourds sont Hotmail et Yahoo aux États-Unis avec à eux deux presque autant de comptes que Facebook !), il est clair que la société du petit Mark essaye de réinventer un outil vieillissant mais toujours très utilisé.
Il essaye surtout d’éviter l’écueil rencontré par Google et Wave : en clair, on vous rend d’abord service en agrégeant les conversations, et en vous donnant un outil intelligent vous permettant de trier entre messages importants (ses amis proches) et moins importants (les messages d’invitation à des groupes, des soirées, des contacts moins récurrents).
Et seulement si vous le voulez, s’ouvrir sur sa messagerie actuelle en échangeant avec les personnes qui n’ont pas Facebook.
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C’est là que la mécanique virale de type « stratégie du dealer » entre en jeu : en se connectant à des personnes qui n’ont pas Facebook mais qui ont un courriel, Facebook les intègre dans sa base.
Outre grossir artificiellement le nombre d’utilisateurs potentiels, le réseau de Mark Zuckerberg va peu à peu devenir l’outil indispensable pour les deux parties (l’utilisateur de Facebook et celui de courriel), poussant l’utilisateur de courriel à aller vers Facebook car finalement « s’il était membre de cette communauté il pourrait avoir accès à bien plus sur ses amis » : photos, invitations, statuts, etc. Ce que ne manquera pas de lui faire remarquer son amis facebookien (je suis en train de faire cela avec ma petite sœur, c’est vous dire si je vois très bien la mécanique se mettre en place).
Conclusion : Facebook Mail ne veut pas tuer le mail, et c’est vrai. C’est au contraire un formidable outil de recrutement et d’évangélisation basé sur des usages de chaque côté de la barrière : « le mail c’est limité regarde tout ce que tu peux faire avec Facebook. » / « Finalement ma boite mail elle est limitée et j’y reçois des tonnes de spam, sur Facebook il n’y a que mes amis qui me parlent et tout est agrégé simplement. »
Sans oublier que c’est un nouveau levier pour augmenter la captation de temps passé sur le réseau et afficher plus de pub. D’ailleurs, rien ne dit que Facebook ne va pas screener les messages à la mode Gmail pour associer des annonces de marques ou bien proposer des rapports d’usages à des marques présentes sur la plateforme.
Côté Gmail, Google a d’abord proposé Buzz, pour agréger les flux sociaux de type « statut » (Twitter, Friendfeed…), puis a sorti assez discrètement en septembre 2010 une boite aux lettres « intelligente », basée sur la fréquence d’utilisation et de réponse à certains messages, et triant automatiquement les messages importants ou pas pour l’utilisateur.
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Mais le tri reste basé sur le contenu, pas sur les interactions sociales. C’est là qu’intervient Facebook et la force de son “social graph”, qui devient l’outil d’analyse pour classer l’information non pas en fonction de sa teneur mais de son émetteur et de sa proximité sociale.
Facebook ne veut donc pas tuer le mail mais le ré-inventer en douceur, toujours en s’appuyant sur sa force première : les usages sociaux de sa communauté de plusieurs centaines de millions de membres.
Tout en posant les incontournables questions de confidentialité des échanges, et de marchandisation de ceux-ci, Facebook ainsi en sa possession une formidable base de données qui comporte à la fois les profils des membres, les actions de ceux-ci en temps réel (statuts) ou différé (photos…), leurs goûts (I Like), leurs envies (invitations, pages de fans), et maintenant une vision précise de qui échange fortement avec qui y compris en dehors de la plate-forme (avec, à la clé, l’affinage du graphe social, la base de l’algorithme du site).
Une mine d’or pour les marques, une datamining hallucinant, et, il faut le reconnaitre, une addiction toujours plus forte des utilisateurs qui voient leurs usages placés au centre du mécanisme. Superbe piège.
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Billet initialement publié sur Stan et Dam
Image CC Flickr smlions12
]]>J’ai vécu un rêve ce dimanche… et je ne m’y attendais pas. Me donner rendez-vous au musée des Arts et Métiers, à part admirer l’avion de Blériot, je ne voyais pas vraiment ce que je pourrais y découvrir. Erreur…
Sitôt entré,un choc. Un truc génial. Un fantasme de geek absolu. Un immense magasin de jouets. Tout ce que j’avais vu étant enfant, réuni dans un même et unique endroit : Museogames.
Des pièces rares, uniques, des souvenirs de gosse (mon Atari 800XL, mon premier ZX81), des chimères de papier (une Vectrex ou la CBS Colecovision à gagner dans le magazine Tilt), le tout jouable !!!! Oui, j’ai pu l’espace de quelques heures, lâché seul dans les lieux encore déserts, retrouver mes réflexes à PacMan sur Atari VCS 2600, déraper dans les gravier pixelisés de Pole Position, casser la tête d’un boss de Double Dragon, ou encore jouer au tennis avec Snoopy sur Game & Watch. Il ne manquait plus qu’une bibliothèque de Gen4, Consoles + et Tilt pour le décor soit une immersion parfaite dans les années 80.
Pour vous faire partager ce choc émotionnel rare et si puissant, si jouissif dans sa régression ludique, je vous ai fait trois vidéos « à la volée », brut de décoffrage. Cette exposition va être un immense moment de bonheur pour des trentenaires et leurs enfants, et un espace de découverte pour les vingtenaire qui ne connaissent que la PS3 et la Xbox.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
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C’est surtout, enfin, l’occasion de se rendre compte, à l’image du film Pixels, que l’iconographie symbolique du cube issue du premier Pong est désormais présente partout. Des Space Invaders disséminés dans Paris à Tron qui fait son retour vingt ans plus tard, en passant par la dernière campagne d’affichage pour La Redoute, les carrés sont plus que jamais là, symboles d’une société désormais livrée au numérique invisible, et dont le représentation ludique et graphique rassure par sa proximité et sa complicité, et inspire même le respect.
Car, finalement, ces jeux et ces consoles sont les témoins contemporains des révolutions technologiques et design que nous vivons à ce jour. Des machines qui procurent de la joie et du bonheur. Des fournisseurs d’adrénaline. Des dealers de frissons et de transpiration. La rencontre inespérée et magique entre des technologies froides et des émotions chaudes. Des objets transactionnels et émotionnels qui nous transforment, le temps d’une poussière de temps de calcul processeur, en pilote de course, en aventurier pitfallien, en grand singe Kong ou en alien.
Tout ça, en ce dimanche, ce fut plus fort que moi.
PS : billet NON sponsorisé.
PPS : merci à Céline et Rémi.
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Museogames, une histoire à rejouer
Exposition ouverte du 22 juin au 7 novembre 2010 au musée des Arts et Métiers à Paris ; infos pratiques
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Billet initialement publié chez Stan et Dam ; image by Loguy spéciale dédicace /-)
Le Steve Jobs idéaliste et révolutionnaire de l’Apple II, le perfectionniste toujours visionnaire du Lisa, du Mac puis du NeXT (J’ai un “cube” qui m’a coûté 15 000 dollars et que je garde avec affection)… Cet homme charismatique, qu’est-il devenu ?
Depuis qu’il est revenu aux commandes, après les fiascos de Sculley puis de Spindler (je ne parle pas de J.L. Gassé), Jobs est devenu l’antithèse de lui-même.
Rapace, avide, égocentrique, il s’est vendu au Profit.
Pomper, drainer, sucer jusqu’à la moelle le gogo, voila son credo… Et il y en a pour s’y laisser prendre, encore et toujours: tristes phalènes aveuglées d’une fausse clarté.
Boycottez Jobs et ses produits qui incarnent toute l’essence de cette époque de transition et transitoire, une époque sans idéal, sans valeur véritable et qui ne laissera rien dans l’Histoire !
En lisant ce commentaire accolé à un article sur l’iPad, la prochaine “révolution” de la Pomme, un doute soudain m’assaillit : et si Steve Jobs n’était pas celui que l’on croyait ? Ou plutôt qu’il n’était plus celui que l’on pensait qu’il était toujours ? Ce baby-boomer orphelin, excentrique, cool (1 dollar de salaire par an, pensez donc !), qui dénonçait Big Brother en 1984 face à IBM et promettait des jours meilleurs à ses disciples.
Ah ! Cette communauté d’indéfectibles fans qui allaient soutenir la marque et faire de Steve ce qu’il est aujourd’hui. Est-ce notre faute finalement ? Je dis “notre” car, non seulement, “j’en suis”, mais de plus, je lui ai donné raison. Après tout, un type qui a réussi à provoquer quatre révolutions dans des domaines aussi différents que l’informatique, la musique, le dessin animé et la téléphonie, tout en côtoyant deux fois la mort, ne peut qu’en valoir la peine. Il est différent. He thinks different.
Le Steve Jobs que j’ai croisé (si, si, je vous jure, à une keynote à Paris il y a plus de dix ans, mais à l’époque je n’avais pas d’appareil photo numérique pour immortaliser ce moment magnétique) ressemblait à celui-ci : il avait déjà son polo noir, ses New Balance et son Levi’s 501. J’aurais dû comprendre que les choses allaient prendre mauvaise tournure. Pourtant, il a de l’humour le garçon, pour preuve il accepta même de se faire caricaturer en direct devant ses ouailles :
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Steve (je l’ai croisé, c’est donc un intime désormais, de ceux que l’on appelle par leur prénom tellement on a la sensation de les connaître par cœur) a commencé hacker, inventeur avec son pote Wozniak (le véritable geek de l’histoire) de la bluebox, un petit appareil qui permettait de téléphoner dans les cabines téléphoniques pour gratuit. C’était pour la bonne cause ! Gagner quelques dollars, s’acheter des composants électroniques et créer le premier Apple.
La Pomme a donc dans ses gênes l’illégalité et la rébellion. Elle n’hésite pas à sortir des sentiers battus, Jobs incarne parfaitement ce mélange subtil de créatif intuitif au sens marketing aiguisé, nourri aux fibres équilibrées, aux incantations hindouistes et aux influences artistiques les plus diverses. Il s’en expliqua d’ailleurs dans une interview, véritable moment de vérité pour comprendre ce qui anime la vision du bonhomme : l’obsession du Beau, de la culture, des influences. Quitte à en faire une religion monothéiste et rigoriste sur la fin de sa vie.
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Car, toujours dans ce même moment de confession intime, il laisse tomber le masque et fait comprendre que pour réussir, il faut non seulement être sûr de soi mais aussi ne pas hésiter à piller les autres (ce qui, venant de quelqu’un qui critiqua Microsoft pour cela durant des années, est assez cocasse mais pas infondé) :
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Cohérent, me direz-vous ? Certes, pirate un jour, pirate toujours. Mais le rebelle allait peu à peu laisser place à l’intraitable et impitoyable homme d’affaires Jobs prenant le pas sur le bohème et idéaliste Steve.
La “grande bascule” iconique eu lieu à son retour aux affaires, après s’être fait virer comme un malpropre de sa propre société par des costards cravates qu’il avait lui-même recruté. C’est là qu’entre en jeu la rage : une lucidité cynique se fait jour dans son esprit, il est de retour et va leur montrer ce dont il est capable. Il va leur expliquer, à ces ignares qui ont failli croquer la pomme jusqu’au trognon, ce que c’est que changer de paradigme à coup de design et de technologie. Place à la revanche, au sentiment de toute puissance qui va se nourrir de ses succès planétaires que sont l’iPod et l’iPhone, ces icônes de l’ère numérique, qui va relancer Apple et le placer au centre du jeu.
Ainsi, Steve devenu Jobs (ou assumant de le devenir), perd ses cheveux, se forge une image désormais mondialement connue, et développe son côté grippe-sou (pas de dividendes de distribués, tout est mis en trésorerie) pour éviter de revivre le cauchemar d’Apple sans le sou et à l’agonie, sauvé par son ennemi Microsoft).
Dernière touche au tableau : l’immortalité temporaire. Imaginez : vous êtes victime d’un accident de voiture, vous en réchappez. Qu’allez vous faire ? Vous dépêcher de réaliser tout ce que vous n’avez pas eu le temps de faire jusqu’à présent. Vous relativisez et foncez. Idem pour Steve Jobs : il passe deux fois très sérieusement à côté de la mort, ce qui va lui renforcer ses convictions et son besoin d’être intraitable pour réaliser ce à quoi il croit.
Tout ça, ça vous marque un homme. Surtout qu’il se rend compte d’une vérité atroce et ultime : les gens aiment être guidés. Ils ont besoin d’avoir des repères, des gourous. Ils sont prêts à toutes les concessions si on leur procure une contre-partie de bien-être. C’est un animal dominé par son cerveau reptilien mâtiné de pyramide Maslow. Jobs croit en l’intelligence, et veut que le plus grand nombre accède à son Graal informatique. Quitte, paradoxalement, à les aliéner.
Pour leur bien ! Mais oui, c’est pour les aider ! Les convaincre du bon choix ! Microsoft vs Apple, c’est du passé ! Qu’importe la plate-forme, ce qui prime c’est ce qui transcende l’expérience utilisateur, ce qu’il ressent, qui fait qu’il va vibrer en utilisant un outil électronique froid et déshumanisé. Jobs, de par son histoire personnelle, à l’orée de sa vie, à compris cela et à trouvé comment il fallait faire. Plus personne ne doit donc se mettre en travers de son chemin.
Sa vision est transcendée par un monde précis, où Apple règne au centre du système pour aider chacun à mieux communiquer et créer, et tant pis s’il faut faire le ménage et construire un monde à la Disney d’où le moindre téton est exclu (sauf les applications Playboy, faut pas déconner non plus, business is business), où des règles très précises d’ergonomie sont à respecter, où l’on tape sur certains membres de sa communauté (ceux qui osent utiliser l’image ou les marques d’Apple), où on impose des standards car on pense que c’est mieux ainsi (la bataille contre Flash, qui est aussi un succédané de l’époque où Adobe snobait Apple), où le secret est érigé en règle absolue, où on résume l’informatique à des icônes et des jukebox d’applications bridées dans leurs fonctionnalités par la Pomme, où des règles obscures régissent l’inscription ou le rejet d’une création au grand registre iThunes de l’AppStore.
Qu’importe. C’est à ce prix que la prophétie pourra s’accomplir, celle d’un monde où ça sera l’humain qui utilisera pleinement un ordinateur sans devoir se plier à des logiques abscons. S’il faut devenir un réac de première, Steve a choisi. Il le deviendra. Pour mieux réaliser ce à quoi le hacker génial a rêvé.
]]>Juste bluffant artistiquement parlant, et intéressant d’un point de vue “usages”. Ce qui m’amène deux réflexions :
– il est possible qu’un individu crée à la demande (user generated content), et ainsi de générer ce que j’appelle des “instant communities”, autrement dit attirer l’attention en fédérant autour d’un événement éphémère.
- le coup du musicien doué un peu bizarre, ça plait toujours autant aux filles ;-)
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Initialement publié sur Stan&Dam.
]]>C’est ce que permet une technologie développée par l’Institut de technologie de Karlsruhe, et présentée à l’ouverture du CEBIT de Hanovre.
Des électrodes (je vous l’accorde, ça défigure un peu mais à force, on s’y fait) analysent et retranscrivent les mots que vous formez avec votre bouche, et un logiciel s’occupe de restituer le tout vocalement. Magique !
]]>La PNL, vous connaissez ? Sinon courrez voir Wikipedia. Dans cette version très raccourcie de la Keynote de Steve Jobs concernant l’iPad, seul l’essentiel a été retenu. Ecoutez bien les superlatifs utilisés par TOUS les intervenants, rien n’est laissé au hasard. C’est gratifiant pour le futur acheteur, enthousiasmant, ça flatte l’ego.
Et dire que je veux en acheter une… ;-)
]]>L’iPad est le chainon manquant entre l’iPhone et le MacBook. Regardez bien la robe de la bête et son OS : tout est un subtil mélange des deux mondes. En fait, c’est un MacBook Air tactile sans clavier, utilisant l’iPhone OS et s’étant acoquiné avec un cadre photo Parrot. Un peu expéditif, mais quand vous y réfléchissez… En fait l’iPad se positionne entre l’iPod et l’Apple TV : un exceptionnel lecteur de contenus visuels (comme l’iPod) avec une logique de catalogue comme dans la set-top box de la Pomme, le tout ne pouvant se passer d’un ordinateur. Le cordon ombilical n’a pas encore été coupé. Raté. Ou pas, justement, c’est peut-être là une clé de lecture intéressante sur l’usage de ces tablettes, une sorte d’hybride fermé pouvant vivre seul mais pouvant aussi se relier à un monde “ouvert”, celui de l’informatique traditionnelle.
Donc Apple a osé essayer de répondre à cette question qui taraude le monde de l’informatique depuis Windows 3.11 : mais pourquoi les tablettes ne se vendent pas alors que plein, j’ai dit PLEIN (HP, Acer, Microsoft, Archos…) de constructeurs s’échinent à en fabriquer depuis des années ? La réponse nous parait fade, sans véritable propos en termes d’usages : serions-nous des éternels insatisfaits ?
En fait, il ne devait pas y avoir de surprise. Logiquement, l’iPad est ce qu’elle devait être : le meilleur de tout ce qui a bien marqué pour la Pomme ces dernières années. Un modèle économique éprouvé (les Stores), un design simple et raffiné (aluminium, plastique laqué, courbes biseautées), du tactile du bout des doigts, une suite logicielle made in Cupertino. Aucune surprise. Et pour cause donc ! La figure de style était tellement casse-gueule qu’il fallait au contraire bétonner le concepts et capitaliser sur les 75 millions de personnes qui ont eu un iPhone ou un iPod Touch dans les mains.
D’où l’iPad. Et notre déception de geek qui attendait de St Steve la révélation ultime : pas de multitâche, pas de caméra, pas de micro, pas d’USB, pas de lecteur SD, un écran 4/3 (idéal pour la HD voyons !), pas de sortie video HDMI… Et une interface pompée sur l’iPhone avec un soupçon de MacOS pour la forme. Pas Peu de nouvelles gestures, ou d’interface 3D avec capteurs sensitifs comme les brevets d’Apple pouvaient nous le faire croire.
Et puis… Apple n’en est pas à son coup d’essai. Tout le monde a en mémoire le formidable et maudit Newton. Tout le monde a oublié le concept de “Knowledge Navigator” (voir le film ci-dessous). Sans omettre un prototype vieux de 27 ans qui ressemble à s’y méprendre à l’iPad, le stylet en sus.
Bref, l’iPad n’est pas la nouveauté dont nous avions rêvé, c’est une continuité logique faite pour se vendre. Et je pense qu’elle a de nombreux atouts. Mais peut-être Apple nous avaient-ils amenés trop haut avec son iPhone, qui, lui, était LA vraie rupture.
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Ainsi, Google se repositionne à nouveau au centre du jeu d’internet, en utilisant ni plus ni moins que les API disponibles des principaux services de réseaux sociaux, tout en enrichissant et en personnalisant ses résultats de recherches.
L’objectif est bien sur d’affiner ses algorithmes de recherche, d’intégrer le “subjectif” dans ses résultats, et d’engranger encore et toujours des informations sur qui nous sommes et ce que nous aimons…
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